Le Brexit vu par ma fille de cinq ans

Stupéfié. Consterné. Accablé. Voilà, en trois mots, notre état d’esprit depuis le coup de tonnerre de vendredi. Comme des millions de gens, Prince et moi sommes tout bonnement incapables d’y croire. La Grande-Bretagne, bientôt réduite à sa portion congrue et … Lire la suite

Le doux pays de mon enfance

J’ai longtemps cru Londres semblable à Paris. Lorsque nous avions des amis de passage, je grommelais volontiers, d’un ton désinvolte : « On n’est pas trop dépaysés, quand même ».

Etonnamment, c’est au bout d’une décennie (ou presque) d’expatriation que le sentiment d’étrangeté se fait de plus en plus nettement sentir.
Surtout lors de mes retours à Paris.

A ma descente de l’Eurostar, que je connais désormais comme ma poche (éviter la voiture 16, toujours pleine, lui préférer la 17, voire la 18, soi-disant réservée aux familles mais en réalité souvent vide), me frappent une multitude de détails, comme un tableau impressionniste dont je ne saurais dire s’il est beau ou laid.

Il fait froid. Pas le froid londonien un peu mou, l’éternel 11 degrés automne comme hiver, non, un vrai froid, celui qui nécessite des gants, un bonnet, voire une cagoule pour les enfants, accessoire inconnu des petits Britanniques.

Cagoule

Hein que ça a l’air confortable !

Ou alors, il fait chaud. Vraiment chaud. Pas la chaleur londonienne un peu hésitante, l’éternel 17 degrés printemps comme été, non, une vraie chaleur, qui nécessite une petite jupe, des sandales ouvertes, voire une robe d’été, vêtement bien connu des petites Britanniques, qui en portent sans paraître souffrir des 17 degrés.

Un père accueille son fils d’une affectueuse bourrade et d’un tonitruant « How are you, fiston ? ». J’ai mal à mon pays dont les enfants – moi la première – quittent le navire à la recherche d’un boulot, d’une ville plus dynamique – combien de fois ai-je entendu « Bien sûr, j’adore la France, mais je ne me vois pas du tout rentrer », d’un ailleurs anglo-saxon ô combien accessible et tellement branché.

J’évite les taxis (chat échaudé craint l’eau froid) et me dirige vers le métro, avec l’impression de sillonner entre les mendiants et les SDF. Les gens se bousculent sans dire pardon. Je rentre enfin dans le métro – sale, malodorant et bondé – et un jeune homme blond, plutôt mignon, bien sous tous rapports, me regarde. Je suis si déshabituée de ces regards que je me demande si mon sac / mon chemisier / mon pantalon est ouvert. Non. Pour une raison qui m’échappe, il cède la place à un autre jeune homme au look très « banlieue ». Amateurs de clichés, vous allez être servis. A peine assis, l’intéressé dégaine son téléphone et marmonne « Ouais, frère, j’ai pas répondu au téléphone, j’étais en garde à vue. Ouais, depuis jeudi, la police elle m’a arrêté. Pourquoi ? Ben, parce que j’ai frappé un mec ».

(sic)

Tout en faisant semblant de ne rien entendre, je m’éloigne un peu – réflexe de survie ? – me rapprochant imperceptiblement du jeune homme qui doit être en train de se féliciter d’avoir proposé sa place à notre voyou de voisin.

Arrêt suivant. Les portes s’ouvrent, et un homme crache dans l’intervalle entre la rame et le quai, comme s’il n’y avait rien de plus naturel. Mon dégoût ne semble rencontrer que l’indifférence du reste du wagon.
Et puis.

Sur le quai, j’aperçois des affiches pour des pièces de théatre ultra-pointues, des expositions, du vaudeville. Des films avec des stars dont je connais encore les noms, et d’autres qui ne m’évoquent rien, puisqu’elles ont dû accéder à la célébrité au cours des dix dernières années. Des publicités pour Décathlon, Picard et Monoprix.

ouvrez-vos-yeux-sur-qqchose-de-beau

Je sors du métro et arpente les rues, dévorant du regard bistrots pleins malgré la peur des attentats, les pharmacies où l’on peut se gorger de médicaments qui n’existent même pas en Angleterre, les petites boutiques indépendantes.

Je me noie dans les beaux yeux du boulanger passionné qui me présente avec fougue « son » pain aux noix, « son » pain au kamut et « sa » brioche aux pralines. Je finis par tout lui acheter, et il m’offre un pain au cacao cru et baies roses pour me remercier.

Les gens ont l’air français. C’est peut-être les chaussures bateau, les petits foulards au cou des femmes, une certaine suffisance, que sais-je.
Je suis chez moi.

Impertinente chronique d’une expatriée en vacances

Gloups.

Croyez-le ou non, chers lecteurs, cela fera cette année neuf ans que j’ai quitté la France (NEUF ans ! « Oh là là ! » comme se plaisent à dire les Anglais chics)
Je fais partie de ces expatriés qui s’obstinent à dire qu’ils « rentrent » en France pour les vacances (plutôt que d’y « aller », indice d’une parfaite intégration) et à se défendent ardemment de toute anglophilie. Partis, mais pas complètement quand même.

Comme moi. Indécrottable chauvine j’étais, indécrottable chauvine je resterai.

Et pourtant.

A chaque séjour en France, j’ai un peu plus de mal à retrouver mes marques. Je suis bien « chez moi », et pourtant, c’est comme si la maison avait été un peu dérangée, et les meubles déplacés, en mon absence.  Comme si les choses ne correspondaient plus à l’idée que je m’en faisais. Une sensation qui me laisse troublée, contrariée et désolée à la fois.

Tout simplement suis-je sans doute partie depuis trop longtemps. Il y a des signes qui ne trompent pas. En effet, en vacances, l’expatrié parti-mais-pas-complètement-quand-même…

1.    Ronchonne de trouver les commerces fermés à 20h et le dimanche… mais s’extasie de pouvoir encore s’approvisionner auprès du boucher, du poissonnier et du maraîcher

2.    S’attable avec plaisir à la crêperie la plus populaire du coin… pour se faire accueillir d’un sec et sans appel «va falloir déplacer votre poussette Madame, et j’vous préviens, y’a 20 minutes d’attente, on a trop de monde ». Qu’à cela ne tienne, il quitte les lieux, histoire de faire de la place

Glace a la fraise pour enfants

On se console comme on peut

3.    Se réjouit de voir sa progéniture retrouver un français correct, voire idiomatique… avant de remarquer l’apparition rapide et non moins pernicieuse d’expressions telles que « ça va être compliqué », « bon courage » et autres « le problème, c’est que… ». De son côté, habitué à la familiarité anglo-saxonne, il réserve un bon bistrot au nom de « Patrick » (son prénom) pour s’y faire accueillir d’un sonore « Bonsoir, Monsieur Patrick ! »

4.    S’extasie devant les appétissants produits sur les étals du marché… avant de se faire admonester par le vendeur qui « ne prend pas la carte bleue Madame, mais il y a un distributeur à 10 minutes à pied en sortant du marché si vous voulez »

5.    S’indigne devant les chaotiques pseudo-queues qui poussent au vice, ou tout au moins à doubler furtivement ses voisins… et les imite illico sans vergogne

6.    Va quand même au supermarché pour se ravitailler en pinard, beurre demi-sel et autres saucissons, avant de se faire morigéner à la caisse car il a oublié de peser les fruits et légumes (finalement, c’est quand même plus simple de les acheter au supermarché, d’ailleurs le maraîcher était fermé entre midi et deux). Il tente de faire amende honorable en expliquant à la caissière et aux gens qui s’impatientent derrière lui que là où il habite, la pesée s’effectue en caisse. Avant de se raviser, sous les regards courroucés, et d’abandonner là ses fruits et légumes. De toute manière, avec tout ça, le maraîcher va bientôt rouvrir.

7.    S’agace à son tour lorsque « l’hôtesse de caisse » (apparemment c’est comme ça que ça se dit maintenant, il a eu tout le loisir d’examiner le badge) lui indique que « non, Monsieur, l’enseigne ne distribue plus de sacs plastiques depuis plusieurs années maintenant ». Il règle et s’éloigne en maugréant, les bras chargés de vin, de beurre et de saucisson.

8.    Optimiste comme un Anglais, il se félicite de n’avoir fait tomber que le saucisson, et pas la bouteille de pinard.

9.    Tout d’abord décontenancé de voir sa famille / ses amis passer l’essentiel de la journée à préparer les repas, et l’essentiel des repas à évoquer avec délices ce qu’on pourrait cuisiner au repas suivant, il prend vite le pli et enjoint à sa mère de lui mitonner le bœuf bourguignon / la blanquette de veau / le pot-au-feu de son enfance. Il fait 34 degrés à l’ombre ? Aucune importance, les souvenirs n’attendent pas.

10.    Béat d’admiration devant les majestueux paysages de montagne / splendides côtes bretonnes / paisibles clairières où s’ébattent ses enfants, il se prend à rêver du retour en France… avant que la réalité – sa maison, son travail qui l’attend, ses amis comme lui expatrié-partis-mais-pas-complètement qu’il a d’ailleurs retrouvés pour un dîner à l’île de Ré – ne se rappelle à lui. Le retour en France, ce sera pour un peu plus tard…

Vacances au soleil...

Le retour de la valise perdue (mais encore plus drôle car avec des enfants)

Ce qui me soucie le plus, c’est le fromage.

Un évènement inopiné m’oblige à sortir de mon silence. Oui, malgré la fatigue (trois ans et demi de sommeil de retard), la to-do list à rallonge (trois ans et demi d’administratif de retard) et les gros yeux que me fait Prince (trois ans et demi de « promis je regarde juste un petit truc sur Internet et après j’éteins » de retard), le reportage en direct s’impose.

Vous vous souvenez, le coup de la valise perdue ? Mais si, rappelez-vous, lorsque je me roulais par terre dans les aéroports vénézueliens, hurlant ma déception à l’idée de devoir me passer de mon maillot de bain préféré pour mon voyage de noces. Eh bien, une valise égarée, contre toute attente, c’est le genre de mésaventure qui, de simple contrariété lorsqu’on est libre de ses mouvements de son sommeil et de déjeuner en paix jeune mariée, devient une véritable calamité lorsqu’on se traîne deux boulets enfants en bas âge.

Je le sentais que cette obscure low-cost (Norwegian, pour ne pas la nommer) allait perdre nos bagages.

Retour sur image.

Prince et moi commençons généralement, accablés, à faire nos valises vers 21 heures la veille du départ – rapport aux sus-dits boulets qu’il convient de nettoyer, sustenter et placer en position horizontale pour la nuit. Notre avion décolle à 9h15, m’informe mon ami Google. Rapide rétroplanning. Arrivée 1h30 avant le vol (« Sortez le bébé de la poussette, s’il vous plaît. Votre poussette se plie facilement ? Non ? Eh bien, videz-la intégralement et pliez-la quand même. Maintenant, retirez vos bottes, et sans lâcher le bébé, merci), 1h30 pour le trajet jusqu’à Pétaouchnok Airport (merci le départ en vacances scolaires et donc en bouchons), et 1h30 pour placer les boulets en position verticale, les sustenter et les nettoyer : lever 5h45. Sans temps mort ni petit déjeuner en ce qui nous concerne. Mais haut les coeurs.

– Tu as vu Prince, nos billets nous ont vraiment coûté une bouchée de pain, lancé-je à mon époux dans une minable tentative d’égayer l’atmosphère.

Vraiment, vraiment pas chers, nos billets. Voilà qui aurait dû me mettre la puce à l’oreille.

Comme d’habitude, j’ai voulu faire preuve de parcimonie en n’achetant qu’une valise. Et comme d’habitude, ma pingrerie se retourne contre moi, puisqu’il s’avère rapidement 1/ qu’une valise de vingt kilos (mais où avais-je la tête ?) ne nous permet d’emporter que la moitié des vêtements de boulets / cadeaux pour les autres boulets de la famille / attirail divers et varié relatif à la petite enfance tels que gigoteuses, couches et autres biberons mais que 2/ si près du départ (« On est plus de trois heures avant, ils exagèrent ! ») la valise supplémentaire est facturée à prix d’or à l’aéroport.

Banco.

Résignée, je boucle donc une première valise intégralement remplie de vêtements roses : les vêtements de bébé de MiniPrincesse que je me prépare à prêter à ma petite nièce. Rose pâle, vif, saumon, pêche, fuschia, tout y est et il n’y a que ça. C’est à se demander comment on fait pour habiller les garçons (à celles et ceux que cela intéresse, je recommande cet édifiant reportage).

La deuxième valise, elle, contient tout le reste : nos vêtements, ceux des enfants, les cadeaux, etc. Ah oui, et les fromages. Trois kilos de bons fromage français. C’est important pour la suite.

Le lendemain matin

Le voyage se passe sans encombres.

Quelle joie que de voyager avec des enfants

Quelle joie que de voyager avec des enfants

En version famille avec enfants en bas âge, voici ce que cela signifie :

– Le bébé n’a braillé que vingt-cinq minutes dans le taxi avant de s’endormir (puis il a fallu le réveiller dix minutes après car finalement on avait visé beaucoup trop large)

– La tablette était suffisamment chargée pour faire tenir MiniPrincesse pendant tout le vol ou presque (long moment de solitude garanti dans le cas contraire)

– Les hôtesses de l’air m’ont laissé tourner en rond comme une forcenée faire les cent pas au fond de la cabine pour endormir le bébé

– Le passager placé devant MiniPrincesse ne s’est presque pas énervé de la centaine de coups de pieds qu’elle lui a décochés pendant le vol. Presque. Du coup, on n’a presque pas eu honte. Presque.

Un voyage sans encombres, donc. Jusqu’à l’arrivée (« Tu prends MiniPrincesse, et moi je grille toute la queue à la sécurité avec le bébé »).

– Maman, elle est où la valise bleue ? me demande innocemment MiniPrincesse à mon retour du change bébé.

Je ne sais pas ce qui est le plus charmant : le fait que la personne qui change le bébé soit encore et toujours une femme, ou le détournement de bon goût du pictogramme habituel

Je ne sais pas ce qui est le plus charmant : le fait que la personne qui change le bébé soit encore et toujours une femme, ou le détournement de bon goût du pictogramme habituel

Je précise que la valise bleue est celle qui contenait « tout le reste ».

– Je ne sais pas ma chérie, tu as demandé à Papa ?

Le doute m’étreint. Confirmé par un regard irrité et inquiet de Prince. Nous regardons autour de nous. Nous sommes seuls, devant un tapis roulant désespérément vide.

S’ensuit un long moment d’invectives, de paperasserie et d’enfants qui s’impatientent.

– Maman, il est où mon nounours ?

– Dans la valise bleue, ma chérie.

– Et les biscuits que j’aime ?

– Dans la valise bleue, ma chérie.

Plus tard. Bien plus tard.

– Tu vois Maman, la valise bleue, elle devrait être LA, décrète MiniPrincesse en me désignant le tas informe de sacs de voyages (tout est bon pour ne pas enregistrer de troisième valise), manteaux, biberons et autres paquets de biscuits. Avec nous !

Certes. Merci, ma fille.

Encore plus tard. Le coup de grâce :

– Maman, comment ils vont faire, Papi et Mamie, si on ne leur rend pas leur valise bleue ?

Ah oui, je ne vous ai pas dit : la fameuse valise bleue ne nous appartient pas. Pardon, Papa et Maman.

Comme je vous le disais, ce qui me soucie le plus, c’est le fromage.

Quelque part dans le monde, mon fromage s'affine...

Quelque part dans le monde, mon fromage s’affine…

Une extraordinaire rencontre

Eurostar Paris – Londres, un lundi matin
 
Je me trouve entre deux wagons, veillant d’un oeil distrait sur MiniPrincesse assoupie dans sa poussette. Le ronron du train me berce moi aussi, jusqu’à ce qu’une exclamation me tire de ma torpeur :
– Oh, for crying out loud!
Je ne peux m’empêcher de sourire à cette expression so British, qu’on pourrait traduire par « Bon sang », si j’en crois mon ami Google. Chez le Britannique, elle témoigne d’un agacement proche du paroxysme.
Sur le strapontin d’en face, un homme d’une cinquantaine d’années, un peu débraillé en T-shirt des JO de Londres 2012 un peu élimé. Son regard croise hélas le mien. 
 
Voici la conversation qui s’ensuit (bien évidemment traduite en français) :
– Dites-moi, mademoiselle, savez-vous appeler une ligne fixe en France ?
– Euh, oui…
– Alors, ayez la gentillesse de me donner un coup de main. J’appelle ce numéro depuis tout à l’heure, et rien n’a l’air de passer. Je suis un homme très important (sic), mes valises sont remplies d’objets de valeur (re-sic)…
A mon regard perplexe, il s’interrompt et me tend son portable.
– Enfin, qu’importe. Vous pourriez essayer ?
Je compose le numéro et fais chou blanc à mon tour.
– Ah, tant pis. Vous êtes bien aimable. MONTREZ-MOI VOTRE MAIN, rugit-il subitement.
Je m’exécute, interloquée.
– Ah… ah… marmonne-t-il. Savez-vous ce que je fais dans la vie ? Je suis magister. Vous avez déjà entendu parler des magister ? Non ? (Il me l’épelle. Je ne comprends pas plus). Moi je suis magister niveau II, apres je peux passer niveau 1 (la logique m’échappe). Il y a aussi les magister satanicum, mais eux sont méchants (avec un nom pareil, on s’en doutait un peu). Qu’importe, qu’importe. Je reviens tout juste de Paris, j’y ai perdu mon passeport, bref, passons, j’ai touché la colonne vertébrale d’une femme, elle a pleuré, et cette petite fille que j’ai soignée DE MES MAINS !
J’en reste comme deux ronds de flan.
Le marabout, courroucé :
– Vous ne me croyez pas, c’est ca ?
Voyons… sur l’épineux theme de la magie noire, je suis pragmatico-agnostique : si je me figure que certains individus possedent (sans doute) un don, rien ne me dit que cet énergumène est de ceux-la. Mais je prends le parti de ne pas le contrarier ; dans la mesure du possible, je préfèrerais en effet qu’il s’abstienne de maudire ma descendance sur sept générations.
Heureusement, MiniPrincesse remue presque imperceptiblement, me fournissant ainsi l’excuse idéale pour ne pas répondre. Je fais semblant de m’affairer aupres d’elle.
– Vous etes une femme forte, décrète le mage. Vos dents sont extraordinaires (sic). Et vos yeux. Vous êtes jeune (tout est relatif). Vous avez… 27 ans ?
– Euh, presque. Mais merci du compliment !
Une femme entre deux âges, tres apprêtée, commet l’erreur de passer à ce moment précis. Le supposé marabouteux l’arrête net.
– Madame, ne faites pas attention à moi, je suis un peu fou.
Elle, très Anglaise :
– Ne vous inquiétez pas, mon cher. Nous sommes tous un peu fous, moi la premiere.
Lui, la dévisageant avec intensité :
– Il faut que vous arrêtiez de boire.
– Euh… j’étais en vacances ?!
Lui, sans transition, me désignant de la tete :
– Cette jeune femme a un coeur d’or. Elle m’a aidé à telephoner en France. J’ai perdu mon passeport. Et les employés des douanes ont été pris de panique lorsqu’ils ont aperçu mes baguettes magiques. Je leur ai formellement interdit de les toucher, sous peine d’etre maudits.
La dame, sans doute décontenancée devant cette logorrhée, fait mine de repartir. Il l’agrippe :
– Vous avez entendu ? Vous devez absolument vous arreter de boire.
 
La pauvre femme parvient enfin à se tirer des griffes de son moraliste. S’ensuivent quelques délicieuses minutes de normalité silencieuse. Puis :
– Ah, j’ai compris ! J’étais en mode avion. Je n’étais pas connecté !
Certes.
– Vous avez si merveilleuse que je vais vous faire un cadeau. Non, deux. Voyons, je dois bien avoir une piece quelque part (il extirpe tant bien que mal une piece de cinq centimes de son pantalon élimé). 
Il marmotte alors une incantation incomprehensible. Je me tiens à distance respecteuse (on ne sait jamais). Le magister fait mine de me tendre la piece, puis la reprend :
– Excusez-moi de ma goujaterie, mais je me dois de vous poser la question : cette enfant est-elle la votre ?
– Euh, oui (et elle n’est pas à vendre)
– Non, mais je veux dire, VRAIMENT A VOUS ? DE vous? Vient-elle d’ICI (en montrant mon ventre du doigt) ?
– Sans aucun doute (tu veux vraiment des détails sur mon accouchement ?)
– Bien. Je me devais de vérifier. Voici une pièce qui sera son talisman. Ne la donnez JAMAIS. Ne payez pas AVEC. N’en tirez profit d’aucune manière.
En meme temps, avec cinq centimes, je n’irai sans doute pas bien loin.
– Et voici mon deuxième cadeau (farfouillant parmi ce qui semble bien être une sélection de baguettes magiques)…
Il extirpe de sa valise une feuille froissée. Non, vraiment, il ne fallait pas.
– Voici un dessin pour votre fille.
– C’est… un chien ?
– Mais non, un lapin, voyons !
Je n’ose pas demander qui est responsable de ce douteux chef d’oeuvre, et empoche le dessin en marmonnant un simple merci et retournant à mes moutons, enfin, ma MiniPrincesse. Heureusement, le train commence à ralentir, signalant ainsi une arrivée imminente (ouf).
– Conservez-le précieusement, hein ? A bientot !
Une fois arrivees à bon port, MiniPrincesse et moi regardons le dessin de plus pres. Tout en bas à droite, notre protecteur a inscrit :
 » Pour MiniPrincesse, de la part de Colin. Copie #2″
La valeur de l’original doit être incommensurable.
Je place le talisman dans ma boite à bijoux : prudence est mère de sûreté. Surtout en matière de magie noire.

Comment occuper un enfant malade de trois ans (astuce : iPad inside)

– Maman, c’est quoi ce gros ventre ?

J’adore passer du temps de qualité avec ma fille.

Ecoute active. Discipline positive. Inspirer, expirer. C’est comme quand MiniPrincesse me balance « Non, Maman, toi dormir sur canapé. Moi dormir avec Papa » : elle ne pense pas à mal. Paraît-il.

Si si, c'est super

Si si, c’est super

– Ben, tu vois ma chérie, après avoir eu un bébé, il faut des années un peu de temps à la maman pour retrouver la ligne.

MiniPrincesse, du haut de ses bientôt trois ans, esquisse une moue dubitative.

– Moi, petit ventre.

Soit. On en reparle dans dix ans.

MiniPrincesse entame son troisième jour à 39,5° de fièvre. La crèche n’en veut pas, la babysitter a déjà succombé aux assauts de ce sale virus, et le médecin anglais (un généraliste bien évidemment, je vous rappelle que les pédiatres n’ont pas droit de cité en Angleterre) vient de nous renvoyer chez nous avec pour toute ordonnance une bonne vieille cup of tea.

Rien, donc, que de très habituel au royaume de sa Majesté.

Dieu que la journée promet d’être longue.

10h35

De retour à la maison.

– MiniPrincesse, tu veux jouer aux Lego ?

– Aime pas Lego.

L’affaire se présente bien.

– Euh… dessiner ?

– Pas dessiner.

– … faire des muffins ?

– Toi faire muffins. Moi manger muffins.

Bon. Faut pas pousser mémé dans les orties, non plus. Soupir de renoncement à toute activité un tant soit peu pédagogique. Comme dit l’autre : « Avant, j’avais des principes. Maintenant, j’ai des enfants ».

– Tu veux jouer à la tablette ?

Je vous jure que si MiniPrincesse était un lapin, ses oreilles se dresseraient bien droites. J’ai juste le temps de voir une tornade de 95 cm de hauteur débouler puis s’asseoir confortablement et SA-GE-MENT sur le canapé avant que ne résonne un sonore :

– TABLEEEEEEEEEEEEETTTE MAMAAAAAAAAAN !!!

– Qu’est-ce qu’on dit ?

– TABLEEEEEEEEEEEEETTTE MAMAAAAAAAAAN S’IL TE PLAIT !!!

Ah. Quand même. Non, parce qu’on est polis, chez nous (même quand on vocifère).

Ce merveilleux interlude devrait me permettre de piquer un somme de lancer une lessive / étendre la lessive / vider le lave-vaisselle / préparer un repas sain et bio à ma fille (ou des pâtes).

11h15

De ma plus douce voix de mère dévouée :

– Ma chérie, viens manger, le déjeuner est prêt !

Silence.

– Ma chérie, viens à table !

Ma fille, si sensible, si intuitive, ne sent-elle pas poindre l’agacement dans ma voix ?

– MiniPrincesse, lève le nez de la tablette TOUT DE SUITE !

11h18

– Beurk.

– Les pâtes, c’est beurk ?

– Oui.

– Bon. Tu veux de la semoule ?

– Beurk.

Je me creuse la tête, à court de bestsellers. Au bout de 48 heures de jeûne quasi-complet – rapport à son « petit ventre, moi », je cède à la panique, prête à tout pour faire ingérer un peu de nourriture à mon enfant qui frôle sans nul doute l’inanition.

– Tu veux de la compote ?

– Non.

L’heure est grave.

– Tu es sûre ? Même pas une compote EN GOURDE (alias le graal) ?

– Non, merci, Maman.

« Non, merci, Maman » ?

Moi, au bord des larmes :

– Du chocolat ?!!

11h29

La tablette de Prince est couverte de petites traces de petits doigts chocolatés.

11h50

De ma plus douce voix de mère dévouée :

– Tu viens, MiniPrincesse, c’est l’heure de la sieste !

Regard courroucé.

– Mais Maman, moi occupée jouer !

– Si tu vas te coucher immédiatement, je te laisserai rejouer à la tablette tout à l’heure.

La discipline positive en action, je vous dis.

Parents efficaces (une aubaine pour toi, parent inefficace)

Parents efficaces (une aubaine pour toi, parent inefficace)

11h51

MiniPrincesse est au lit.

12h25 (BEAUCOUP TROP TOT, donc)

– Mamaaaaaaaaaaaaaan ! braille MiniPrincesse.

– Oui, ma chérie ? Qu’est-ce qu’il y a encore ?

Je brandis machinalement – la force de l’habitude – le thermomètre devant le visage cramoisi de MiniPrincesse, déclenchant moult hurlements.

– Moi pas malade, Maman ! PAS THERMOMETRE !!! PAS THERMOMEEEEEEETRE !!!

40,2°. Epatant.

Avant d’avoir des enfants, je croyais que c’était la panacée que de s’occuper d’un enfant patraque. « Ca » ne fait que dormir, non ?

Ben non. Un enfant malade, il s’avère que « ça » fait tout sauf dormir. Ca chouine, ça se mouche (mal), ça se plaint, ça veut jouer à la tablette, ça ne veut rien manger sauf du chocolat, ça veut Papa (« il est au travail, ma chérie. – Pourquoiiiiiiiiiiii ?! Veux Papa !!!! Pas Maman !!!! »).

Pas de bol. La journée enfant malade, c’est pour Maman.

Baby on board (Femme enceinte dans le métro)

En cette période festive où le monde attend la venue d’un petit enfant prénommé Jésus (du Père Noël  / de vacances au soleil) je vous propose une étude de l’Anglais dans le métro… face à la femme enceinte (toi).

Dans le Tube, face à la femme enceinte, il y a :

– Celui qui, engoncé dans son gratuit du matin / son iPad / ses écouteurs de djeuns cool, lève les yeux, te regarde, et les baisse à nouveau comme si de rien n’était

– Celui qui te demande, l’air perplexe, si tu es enceinte (alors que tu accouches dans trois semaines)

– Celui qui demande à sa voisine de gauche de te céder la place

– Celui qui, dans son empressement à te laisser son siège,  trébuche sur les autres passagers

– Celui qui, inspiré par l’exemple de son voisin, propose sa place à une dame bien en chair… mais pas enceinte du tout. Lorsqu’il se rend compte de sa méprise, il s’enfuit à toutes jambes à l’autre bout du wagon, tandis que tu effectues le trajet aux côtés de la dame replète sans oser lever les yeux

– Celui qui, lorsque tu en es réduite à lui quémander son siège sous peine de défaillir sur lui, te dévisage longuement – très longuement –  en soupirant. Et ne bouge pas.

– Celle (oui, CELLE) qui évalue attentivement ton ventre de femme enceinte de cinq mois, ton visage las, et ton sac rempli de victuailles pour la journée, puis glisse à son mari qui s’apprêtait à te donner son siège : « ’C’est pas la peine ! ». Euh, si.

Bref, l’Anglais a beau avoir la réputation d’être prévenant, aimable et courtois, on trouve aussi du malotru, voire du gougnafier (il fallait que je le case, celui-à).

Un badge assez explicite

Mais soyons fair-play. Dans le Tube, face à la femme enceinte, il y a aussi  :

– Celui qui t’aperçoit de loin avec ton badge « Baby on board » et te lance, avec un grand sourire : “Please sit down”

– Celui qui, effaré par le goujat qui a refusé de se lever, se confond en excuses et t’invite à prendre sa place EN SE LEVANT (et non en attendant que tu l’en déloges)

– Celui qui, coincé debout comme toi et mille autres sardines, prend garde à ne pas servir de ton enfant à naître comme amortisseur et te demande même : « You ok back there ? ».

C’est dans ces moments que tu te rappelles combien il fait bon vivre en Angleterre. Du moins, quand l’Anglais ne te demande pas si tu es bien enceinte, alors que tu as pris 10 kilos en 6 mois.

L'humour anglais, en toute circonstance

Voyage d’affaires à l’anglaise

La semaine dernière a marqué un tournant dans ma connaissance des autochtones. Moi qui n’aime rien tant que voyager seule (dans le cadre du travail, parce que sinon j’adore prendre l’avion avec un enfant en bas âge incapable de tenir en place plus de vingt cinq secondes et un Prince qui abhorre les voyages – mais je m’égare), j’ai eu le grand privilège d’effectuer un voyage d’affaires accompagnée d’une Galloise et d’un Ecossais. Il ne manquait plus qu’un Anglais et j’avais toute la Grande-Bretagne dans ma délégation, facon Benetton. Oh well, ce sera pour une autre fois. En attendant, 24 heures d’observation in vivo qui m’ont permis d’identifier dix particularités du voyage d’affaires à la britannique :

  1. Le vol aller affiche une heure trente de retard, rapport à la pluie battante qui s’abat sur Heathrow. Idem au retour. Ben oui, forcément, en septembre, c’est bien connu, les conditions météorologiques sont aléatoires.

  2. Crépuscule aéroportuaire

    Crépuscule aéroportuaire

  3. Devant cette première déconvenue, le Britannique réagit avec tout le flegme qu’on attend de lui. Son premier réflexe est de se diriger vers le bar le plus proche “parce que rien ne vaut un bon verre de Pinot Grigio en attendant que la porte d’embarquement soit affichée”

  4. Pas besoin de déjeuner avant le vol, un beignet suffira. Devant votre haussement de sourcils, votre collègue se contente d’un laconique “Moi, tu sais, la bouffe…”

  5. Au petit déjeuner, à l’hotel, il s’attable devant des oeufs brouillés et du bacon. Et glousse devant votre croissant et votre chocolat chaud : “so French!”. Aucun de vous ne daigne tester les spécialités locales, convaincu d’être en train de savourer le summum de sa gastronomie nationale.

  6. En réunion, le Britannique semble prendre un malin plaisir à ponctuer son discours d’expressions idiomatiques (“No strings attached”, “Starter for ten” ou encore “Let’s call  it a day”), suscitant la plus grande perplexité chez ses interlocuteurs.

  7. Comme si cela ne suffisait pas, il parle vite et n’articule guère ; après tout, l’anglais n’est-il pas officiellement la langue de travail du monde entier ?

  8. Il est essentiel de terminer la dernière reunion à temps (cf. “Let’s call it a day”) pour déguster (?!) un verre de vin (Pinot Grigio toujours) à l’aéroport

  9. Dîner avec les poules (17h28) avant de reprendre l’avion ? Aucun problème  – tant que son club sandwich est accompagné de chips ET de frites…

  10. …“et comme ca, pas besoin de remanger après, c’est toujours ca de fait” (sic)

  11. Last but not least: quand le Français est à table, il parle de bouffe. Quand le Britannique boit, il parle de cuite. Et tout le monde est content.

Photo-génie

– La photo a bien été prise par un photographe ? nous lance l’employée de mairie en fronçant les sourcils devant les cinq messages en gras et en rouge qui s’affichent à l’écran lors de la lecture de la photo que nous venons de lui soumettre.

Prince et moi échangeons un regard perplexe.

Sur la fameuse photo 4,5 cm x 3,5 cm (tout au moins les dimensions sont-elles correctes)  apparaît un être vivant. Même avec la meilleure volonté du monde, c’est tout ce que l’on peut en dire. A 74 heures de vie sur la photo en question, MiniPrincesse non seulement ne ressemble à rien, mais elle ne se ressemble en rien.

Ni le manque de ressemblance, ni la faible photogénie de notre fille n’émeuvent la préposée aux passeports. Ce qui la chiffonne, en revanche, c’est qu’on ne distingue pas les deux oreilles de MiniPrincesse – caractéristique apparemment essentielle pour reconnaître les terroristes potentiels en transit. Le fond n’est pas uniforme, et ô offense suprême, il est blanc ; j’ai bien pensé, dans la torpeur postnatale et baby-bluesesque, à dresser un lange encore immaculé sous ma progéniture pour faire illusion. Mais je n’ai pas réalisé que le lange s’arrêtait à la hauteur des yeux, tandis que le haut de la tête de MiniPrincesse reposait sur le drap de son berceau d’hôpital. Certes blanc immaculé lui aussi (nous sommes dans une clinique privée tout de même), mais pas du même blanc immaculé que le lange ; Prince et moi arguons donc de sa couleur grisâtre, alias « blanc cassé ». Et en parlant d’yeux, ceux de MiniPrincesse sont très très très peu ouverts – enfin, quasi fermés, quoi – les nouveaux-nés étant de roupiller la quasi-totalité du jour (notez, pas la nuit, en tout cas pas le nôtre), rendant par là-même quasi impossible la vérification du champ « couleur des yeux ». Pour la bouche fermée, la tête droite, et le fait de fixer l’objectif, on repassera.

Voyons le verre à moitié plein : pour ce qui est de l’expression neutre, en revanche, c’est gagné.

Comment ne pas prendre un bébé en photo pour son passeport

Comment ne pas prendre un bébé en photo pour son passeport

Je me retiens de rétorquer à la fonctionnaire que d’abord nous lui soumettons la photo sur laquelle MiniPrincesse ouvre le plus les yeux ET DE LOIN, et qu’en plus j’ai fait de mon mieux debout sur mon lit d’hôpital entre deux visites inopinées. A la place, j’inspire un grand coup et mens avec aplomb :

– Oui, oui, la photo a bien été prise par un photographe.

Je ne pousse pas le vice jusqu’à demander pourquoi elle ose nous poser la question.

L’employée de mairie lève un instant les yeux de son écran en gras et en rouge. Ce n’est sans doute pas tous les jours que le commun des mortels ment à un employé de la fonction publique. L’espace d’un instant, je me demande même si je ne viens pas de commettre un crime. Enfin, un délit. Enfin, quelque chose de pas bien.

MiniPrincesse choisit opportunément son moment pour se réveiller (oui, l’enfant doit être présent lors de la demande de passeport, et ce même s’il fait 40 degrés dans le service d’état civil et que l’enfant ne sait pas encore tenir sa tête), ouvrant ainsi les yeux pour prouver à l’Etat la dame qu’elle a bien les yeux bleus et qu’il ne s’agit pas d’une invention de ses parents. L’instant d’après, avec tout autant de sens du timing, elle se met à hurler. L’employée de mairie esquisse une moue, nous observe longuement, et appuie ensuite plusieurs fois avec obstination sur la touche ENTREE de son clavier.

Je mets quelques instants à comprendre qu’elle vient de forcer l’Etat le système informatique à accepter notre photo clairement défaillante.

Quelques minutes s’écoulent dans un silence respectueux (de notre part) et maussade (de sa part).

Puis, enfin :

– Le passeport de votre fille sera prêt d’ici une huitaine de jours.

Ouf. Pile pour la fin du congé paternité de Prince. Vive l’Etat civil. Vive la République. Vive la France.

« Enfin… », reprend-elle, « … si votre photo est acceptée par la préfecture. »

A bien y réfléchir, je me demande comment il se fait qu’on ne se soit fait retoquer que sur cinq points.

Des mérites du mois de novembre (en plein mois de juin)

C’est moi, ou l’automne a décidé de pointer le bout de son nez avant la fin officielle du printemps ? Orages apocalyptiques, pluies torrentielles, bourrasques glacées : il est par trop tentant de céder à la mauvaise foi qui caractérise parfois votre serviteur, mais, une fois n’est pas coutume, je vais faire acte d’optimisme. Verre à moitié plein, me voici. Car à n’en pas douter, être au mois de novembre en plein mois de juin a bien des mérites. Cela vous permet :

  1. De vous bercer de la douce illusion qu’il reste sept mois (et non sept semaines) avant la traditionnelle épreuve du bikini…

  2. … et par conséquent, qu’il vous reste cinq mois (et non cinq semaines) avant de vous résoudre à attaquer LE régime miraculeux vanté par Elle (« Maigrir avec plaisir »), Cosmopolitan (« Le corps que JE veux ») et autres Marie-Claire (« Plus que deux semaines avant le maillot ? Pas de problème ! »)
  3. D’éviter de descendre le carton marqué « Affaires d’été » qui traîne tout en haut d’une étagère…

  4. …et par conséquent, d’échapper à une avalanche de poussière, le carton « Affaires d’été » n’ayant été déballé qu’une fois en sept ans d’exil londonien (pour des vacances en Ecosse : vous vous demandez encore quelle mouche vous avait bien piquée)

    Le 17 juin 2013, en France… (mais ca pourrait etre en Ecosse)

  5. De vous pelotonner sous la couette à peine rentrée du travail (oui, c’était avant d’avoir des enfants) au lieu de vous sentir obligée d’aller faire un jogging / participer à un pique-nique avec les autochtones « to enjoy the sunshine » (il fait 19 degrés)

  6. … et par conséquent, d’hiberner en plein mois de juin, ce qui, il faut bien l’avouer, a quelque chose de délicieusement transgressif

  7. De ressortir votre lampe anti-dépression saisonnière, celle qui vous a sauvée un noir hiver 2007…

  8. … et par conséquent, de prouver à Prince que non, ce n’était pas un achat totalement superfu (contrairement à la sorbetière et à l’ensemble de quatre chaises longues de jardin)

    La lampe du bonheur (Britebox)

    La lampe du bonheur (Britebox)

  9. De vous élever contre les méfaits du dérèglement climatique…

  10. … et, par conséquent, de vous engueuler avec votre mère qui, contre toute évidence, refuse obstinément de croire au réchauffement climatique (« Réchauffement, réchauffement, dix degrés en plein mois de juin, mais de qui se moque-t-on ? »)

Bref, l’excuse toute trouvée pour vous empiffrer sur le canapé en regardant Downton Abbey, vous écharper avec votre génitrice et ne jamais aller vous faire épiler : que demande le peuple ? Moi, c’est bien simple, la grêle en été, je-ne-m’en-lasse-pas.

Un doute m’étreint : cela ferait-il trop longtemps que j’habite à Londres ?