Tentative d’intégration #2 : le playgroup alternatif

Si je suis sidérée d’apprendre que c’est à moi de confectionner une souris en feutre blanc (super utile, vous me direz) tandis que ma fille « joue librement » aves des jouets-en-matière-naturelle, je suis la seule à le laisser paraître.

Les autres mères ne mouftent pas lorsque Hippie en Chef distribue les aiguilles (je n’ai pas cousu depuis que ma mère a tenté de m’apprendre à coudre un bouton, jetant rapidement l’éponge devant mon évident manque de coopération).

Les autres mères ne protestent pas lorsque Hippie en Chef fait passer de minuscules morceaux de feutre coupés au millième de millimètre près pour correspondre exactement au « patron » (je ricane assez peu délicatement, repensant à mon soulagement lorsque j’appris que les cours d’arts plastiques s’arrêtaient à l’entrée au lycée).

Les autres mères – bon, certaines – parviennent même à sourire, apparemment ravies de cet exercice de couture impromptu (je proteste à mi-voix auprès de Hippie en Chef : « je n’ai pas cousu depuis l’âge de 14 ans et je ne comprends rien ! » – en vain).

Je suis vraisemblablement la seule mère à trouver surréaliste cette scène où une dizaine de femmes adultes cousent, tout sourire, de microscopiques souris de feutre tandis que leur marmaille tente de colorier à l’aide de simili-crayons-en-matière-naturelle (MiniPrincesse, toujours pleine de ressources, a réussi à mettre la main sur un bon vieux stylo-bille noir sorti d’on ne sait où). Tout ça pour « se montrer en état de créativité ».

Je suis si indignée par ce nouvel esclavage librement consenti qu’en bonne Française, j’entame une silencieuse grève sur ma chaise. Je vais même jusqu’à m’intéresser aux gribouillages de MiniPrincesse (« Oh, comme c’est joli ! C’est quoi ? Un bonhomme ? Ah, un soleil ! Très bien ! »).

"Maman, regarde : chien" !" (véridique)

« Maman, regarde : chien » ! » (véridique)

En bonne Anglaise, Hippie en Chef fait mine de ne rien remarquer (ou ne remarque rien). Sa seule contribution à l’animation du groupe se borne à deux interventions, prononcé d’un ton égal :
– (mummies, juste pour vous informer que j’ai égaré mon aiguille)

Avoir perdu une aiguille au milieu d’une douzaine de tout-petits marchant pieds nus ou à quatre pattes ne l’inquiète guère.

Puis, quelques minutes après :
– (surtout, ne vous dépêchez pas, nous pourrons terminer cette activité mercredi prochain) Plutôt mourir.

Pendant que les mères s’affairent à leurs souris respectives, j’observe avec satisfaction que la plupart d’entre elles prêtent si peu d’attention à leur tenue que pour une fois, je parais presque bien habillée. Les joies simples sont parfois les plus douces.

Enfin, au bout de quarante-trois longues, très longues minutes, nous rangeons enfin aiguilles (celles qui restent), patrons et faux crayons. Autour de moi, j’aperçois quelques souris qui ressemblent à des souris. La mienne traîne, négligée, en plusieurs morceaux (j’ai quand même réussi à découper le patron), sur la table. Je la fais disparaître discrètement.

Voici venu le moment préféré de MiniPrincesse : la collation. En Angleterre, si l’enfant ne s’est pas alimenté entre son porridge de 8 heures et le curry de 11h30, on craint pour sa santé. D’où l’importance du snack. Et bio ou pas, le menu du snack anglais semble immuable où que j’aille : galettes d’avoine et/ou de riz accompagnées de raisins secs. Si c’est Byzance, on y trouve aussi des pommes ou des clémentines. Bingo. Avec une petite surprise : pour mériter le snack,rien ne vaut une petite bénédiction païenne, entonnée par Hippie en Chef.
– (merci pour ce repas merci pour le soleil merci pour la terre etc)

A peine MiniPrincesse a-t-elle englouti son dernier raisin sec (et piqué ceux abandonnés par sa voisine) que je me lève pour aller m’acquitter de mes trois livres, espérant ainsi pouvoir m’échapper de cette quatrième dimension. Hippie en Chef hausse un sourcil et me dit : – (le paiement ne s’effectue qu’à la fin, le playgroup n’est pas fini)

Vu l’accueil que tu m’as réservé, je ne risque pas de le savoir, espèce de beatnik, me retiens-je de lui lancer.

J’endure donc encore un peu de freeplay, quelques chansons en l’honneur du soleil et l’incompréhension de MiniPrincesse devant le fils de Hippie en Chef qui, à peine sa mère partie de la pièce, se met à donner des coups de pieds à tout ce qui bouge (« Ne t’inquiète pas ma chérie, ce petit garçon de cinq ans doit être contrarié que sa maman ne l’ait pas encore allaité depuis le snack. Ou alors il aimerait bien porter des chaussons normaux plutôt que des babouches rose vif »).

Enfin, nous sommes libres.
– Alors, MiniPrincesse, ça t’a plu, ce playgroup ?
Ma fille, flairant le piège, ébauche une prudente grimace.
– Bizarre, dame ? hasarde-t-elle.
– Oui, je suis d’accord, ma puce, la dame était un peu bizarre.

La vérité sort de la bouche des enfants.

Véridique - c'était plein

Véridique bis : c’était plein

Tentative d’intégration #2 : le playgroup alternatif

Après l’échec retentissant le succès en demi-teinte du cours de musique pour mouflets, voici le récit d’une tentative d’intégration à la vie de yummy mummy beaucoup plus récente : le playgroup alternatif. Qu’entends-je par alternatif ? Ce playgroup se déroule au sein d’une école à la pédagogie « différente » – dont je tairai le nom – et dont il constitue « un excellent moyen de découvrir le mode d’éducation ». La rapide présentation sur le site Internet reste consensuelle : un temps pour jouer librement (freeplay), une activité (l’exemple donné est le dessin, qu’on peut difficilement qualifier d’exercice révolutionnaire) suivie d’une collation bio (évidemment) et de chansons. OK, les jouets sont exclusivement fabriqués à base de matières naturelles (bois, tissu, coquillages), ça a l’air d’être très important – MiniPrincesse, bien qu’habituée aux plastiques criards, devrait s’en accomoder.

Voici le décor planté.

Un beau matin ensoleillé, me voici donc accompagnée de MiniPrincesse, à descendre au sous-sol d’un imposant bâtiment en briques pour parvenir à une porte à laquelle on peut lire « Parent and Toddler Group ».

Je frappe. Pas de réponse. Prenant mon courage à deux mains, je pénètre dans une petite pièce pourvue d’une longue table à hauteur d’enfant et d’une dizaine de petites chaises d’un côté, et de jouets-en-matières-naturelles de l’autre : deux chevaux à bascule, une grande tente en patchwork, des poupées vaguement vaudous, etc. Deux mamans sont assises sur des coussins à même le sol, leurs enfants sous les yeux. De l’autre côté de la pièce, une jeune femme – 35 ans environ, oui c’est jeune – coud placidement un vêtement non identifié de couleur non identifiée (khaki ?), un marmot de quatre ou cinq ans littéralement agrippé à sa jupe.

Des jouets NA-TU-RELS (et un peu effrayants)

Des jouets NA-TU-RELS (et un peu effrayants)

Je lance timidement un « hello » à la cantonade. L’une des deux mamans lève la tête et me sourit gentiment. La couturière, imperturbable, se contente d’un « hello » en retour avant de poursuivre son ouvrage.

La perplexité m’envahit. Le playgroup était censé démarrer à 10h et il est 10h04. Déjà quatre minutes de retard ! Qui plus est, l’une des mamans a conservé ses chaussures aux pieds, l’autre pas. Que faire ? L’animatrice – je suppose qu’il s’agit d’elle – porte d’indescriptibles pantoufles à longs poils noirs et marrons. Et je remarque par la même occasion que sa jupe n’est pas banale non plus : une sorte de patchwork de tissus sans nul doute tous na-tu-rels et bien évidemment de longueurs différentes.

Bon. Dans le doute, je me déchausse et indique à MiniPrincesse de faire de même. Pendant ce temps, d’autres mères arrivent, et – oh, comme le temps passe vite, déjà douze minutes de retard ! – nous voici une dizaine d’adultes et autant d’enfants, sans compter les nouveaux-nés évidemment portés en écharpe par leurs génitrices.

L'écharpe de portage, c'est le bonheur

L’écharpe de portage, c’est le bonheur

L’animatrice, suivie de très près par son fils, fredonne un indescriptible « om », ce qui semble marquer le signal de se mettre en cercle.
– (hello, everyone)

Ah, donc elle parle. Tellement bas que je peine à distinguer ce qu’elle dit, et sans ponctuation apparente, mais elle parle. J’ai l’impression d’assister à un spectacle d’hypnose, tellement elle a l’air détendue.
– (let’s start)

Et elle se met en mode hippie à chantonner :
– (bonjour la lune bonjour le soleil bonjour les cailloux bonjour la terre bonjour l’air bonjour le feu)

Bien bien bien. La nature c’est important. D’ailleurs je suis une maniaque du recyclage. J’imite donc les autres mères, plaque un sourire Colgate sur mon visage et me joins aux festivités païennes. Après quelques minutes d’épanouissement musical, la Hippie en Chef (ainsi que je l’ai d’ores et déjà surnommée dans ma tête) annonce, ou plutôt murmure :
– (aujourd’hui nous allons faire des souris blanches en feutre)

Les mères, en chœur, à l’adresse de leur progéniture, plus sourire Colgate que jamais :
– WAOUH !!!

La progéniture :
– …

Ce qui ne l’empêche de s’installer avec diligence à table. Hippie en Chef en paraît contrariée (autant que faire se peut lorsqu’on pratique la méditation à raison d’une heure par jour). – (non aujourd’hui ce sont les mamans qui vont faire l’activité)

Qu’entends-je ?! – (c’est très bon pour vos enfants de voir leur mère en état de créativité)

Heu, si j’étais capable de me mettre « en état de créativité », 1. ça se saurait et 2. je ferais tranquillement de la créativité à la maison plutôt que de me taper 40 minutes à pied pour emmener ma fille à un playgroup alternatif où c’est moi qui me tape tout le boulot.

La suite au prochain épisode…

Du bonheur de devenir mère

Premier mois

Le mois qui suit la naissance de MiniPrincesse, je me sens invincible. Enfin, sans aller jusque là, disons que je suis portée par la jubilsation d’avoir donné la vie – ou, plus prosaïquement, les hormones de l’accouchement. Prenant mon clavier et mon courage à deux mains, j’ai réussi à faire la connaissance de quatre chouettes jeunes femmes francophones / francophiles et à tenir une conversation sans trop affabuler ni me ridiculiser. MiniPrincesse survit tant bien que mal à mes soins imprécis et tremblants de jeune mère désireuse de bien faire. Les cartons du déménagement ne se déballent pas tout seuls. Je passe mon temps à me demander ce qu’il faut faire de / avec MiniPrincesse.

Toute petite main...

Toute petite main…

Aparté : avec le recul, deux ans plus tard, je brûle d’envie de  me répondre : « Rien, bécasse, profite ! Y a rien à faire à part lui donner à manger et la laisser dormir ! » Mais peut-être occulté-je l’écrasante fatigue, l’envahissante peur de « casser » ce petit bout de chou tout neuf, ah et aussi les six tétées par jour, chacune durant une heure, et les nuits entières à porter un paquet de 3,5 kilos en chantant en boucle « Petite alouette » (dont les paroles féroces ne me froissent guère). Je me rends au « café allaitement » proposé par le NCT du coin (excellente association britannique qui propose des cours de préparation à l’accouchement où les futures mères autochtones tissent d’indestructibles liens. Une occasion que j’ai laissé filer cause alitement à six mois) et, devant l’enthousiasme des conseillères en allaitement, leur avoue ma perplexité : l’allaitement ne se passe pas MAL. Mais ce n’est pas non plus la révélation.
Bref, cahin-caha, ça va.

Deuxième mois

La situation est grave : je suis si épuisée que j’accueille ma belle-mère à bras ouverts, soulagée de pouvoir me débarrasser un peu de MiniPrincesse la confier à d’autres bras aimants pour la faire un peu taire la bercer. Pis : lorsque la fin de son séjour approche (deux semaines quand même), je la supplie de rester encore quelques jours. Jamais je ne m’en sortirai sans elle. Elle a le bon sens de décliner ma pitoyable invitation.
Les jours qui suivent son départ, MiniPrincesse hurle plus encore qu’à l’habitude. En journée, je fais appel à mon bon ami Google (« pleurs continus bébé six semaines »). Le soir, à mes bonnes amies restées à Paris, là où elles ont leurs familles, leurs copines en congé mat’ et une boulangerie au coin de la rue (non non, je ne m’apitoie guère sur mon sort). Le verdict est unanime : personne ne sait vraiment pourquoi les bébés pleurent – sauf ma chère grand-mère qui me susurre d’un ton fielleux : « Les coliques, Eva in London, ça n’existe pas. Ca n’est qu’une excuse pour les parents qui n’arrivent pas à calmer leur bébé. Tout est la faut des parents ».

Dolto n’a plus qu’à aller se rhabiller.

Pour mettre un terme temporaire aux pleurs de ma fille, j’ai généralement recours à la technique éprouvée du tour du pâté de maisons en poussette – approche qui requiert une patience d’ange et une forme olympienne, étant donné que MiniPrincesse met environ 500 tours à s’assoupir, puis une milliseconde à se réveiller dès que j’introduis la clé dans la serrure de la porte.
Solution contraignante, donc, mais efficace. Sauf que, plus souvent qu’à son tour, il pleut. Oui, oui, en plein mois d’août. Ce qui ne contribue pas à me réconcilier avec l’Angleterre.

Troisième mois

Avant la naissance de MiniPrincesse, Prince et moi dormions aisément neuf heures par nuit, voire plus si affinités. Les gros dormeurs que nous étions redoutaient l’arrivée d’un bébé qui allait forcément bouleverser nos soirées, nos nuits et nos journées. Mais « nous verrions bien ».
Ben, c’est vite vu.

Harassés de fatigue, rapport au déficit de sommeil qui doit déjà atteindre allègrement les centaines d’heures, nous sommes à couteaux tirés. Moi qui m’étais promis, avant l’arrivée de notre descendance, de ne JAMAIS passer mes nerfs sur mon adorable mari, de TOUJOURS faire preuve de respect envers lui, même à quatre heures du matin, et de RAREMENT le houspiller (on ne se refait pas), je dois bien admettre que mes résolutions ont vite fini au fond de la poubelle à couches.

Un soir, lorsque MiniPrincesse atteint dix semaines, j’accepte pour la première fois une invitation à dîner avec deux connaissances. L’une a deux enfants, l’autre un seul, tous à l’école primaire. Autant dire que leurs vies de Françaises-à-Londres-super-busy sont à des années-lumière de mon triangle maison-parc-supermarché.

Un tiers de mon univers en ces jours-là...

Un tiers de mon univers en ces jours-là…

Bien consciente de manquer de glamour, je ne m’étends guère sur les VRAIES questions qui se posent dans mon existence, telles l’opportunité de changer son bébé la nuit ou la durée optimale d’une tétée. Non, toute en retenue, je me contente de signaler mon épuisement, ma débilitation, mon exténuation, bref, la fin des haricots.

Et la mère de l’enfant unique de dix ans de m’asséner d’un ton docte et satisfait :
« Ah non mais si je peux me permettre, il faut AB-SO-LU-MENT que tu arrêtes de laisser ta fille régenter ta vie »
J’hésite entre la gifler et fondre en larmes.

En sortant du resto, j’appelle Prince. Sa voix éraillée est en partie couverte par les geignements de MiniPrincesse pour qui la soirée commence tout juste. Hésitante, je confie à mon époux :
– Je n’ai pas très envie de rentrer à la maison, mon amour. C’est normal ?
– Tout à fait, me rétorque-t-il aussi sec. En ce qui me concerne, je n’ai aucune envie d’y être.

PS : pour une vision plus sereine des fameux cent premiers jours de la vie d’un nourrisson, je recommande vivement la lecture de « Bébé, dis-moi qui tu es ». Titre gnangnan mais contenu très juste, facile à lire (important) et complètement déculpabilisant (très très important).

Comment se faire des amis à Londres à l’ère d’Internet (attention jeune mère au bord de la crise de nerfs)

« Ca va juste pas être possible, cette affaire ».

Voilà la sentence que j’assène sans ménagement à Prince le lundi soir qui suit notre emménagement, alors même que le pauvre n’a pas encore franchi le seuil de notre nouveau (et vide) foyer.

Chat échaudé craint l’eau froide. Prudent, Prince lève un sourcil en signe d’interrogation, ouvrant ainsi les douves de ma frustration, ma fatigue et mon angoisse.

J’ai passé toute la journée TOUTE SEULE. MiniPrincesse n’arrête pas de pleurer. Y a pas Internet. Y A PAS INTERNET !!!. On est EN BANLIEUE. Je ne connais PERSONNE. Quand est-ce qu’on rentre à la maison ? Ah, j’oubliais, LA MAISON C’EST ICI, quelque part sous cet amas de cartons (de notre ancien appart dans le centre de Londres), de valises (rapportées de Paris), et de paquets (d’objets de puériculture) – dont aucun n’est encore déballé.

Home sweet home...

Home sweet home…

La nuit porte conseil, dit-on. Clairement, le dicton ne vaut pas un kopek avec un nourrisson qui passe la nuit à téter-faire dans sa couche-dormir-téter-etc.

Le lendemain, mon bien-aimé se débrouille pour me relier au reste du monde. Je ne perds pas une seconde et passe une bonne partie de la journée à taper frénétiquement toutes les variations imaginables de « Française Nappyvalley » chez mon bon copain à moi, Google.

A la fin de ce mardi, j’ai trouvé le site qui va bientôt remplacer Facebook dans mon Top 10 « comment perdre du temps sur Internet » : Nappyvalleynet.com, « votre meilleure amie et voisine tout en un », annonce fièrement le site. C’est tout à fait ça. En l’occurrence, j’y trouve exactement ce que je cherchais : pléthore de jeunes mères sympathiques, françaises ou francophones qui plus est. Première friend date mardi, avec Natalie, une Néo-Zélandaise qui cherche à pratiquer le français. Mercredi, je dois rencontrer Laura, une Albanaise qui a fait ses études en France. Jeudi, Delphine, une Française du quartier elle aussi à la recherche d’amies. En route pour le speed friending.

D’ici là, je n’ai d’autre échappatoire au spleen existentiel que de déballer les cartons, valises et autres paquets. Vive la maternité, version expat’.

La campagne, y a que ça de vrai

Mon club de course à pied semble décidément abriter un certain nombre d’extrémistes du marathon, qui ont pour seuls sujets de conversation :

– leur taux d’oxygénation (?)

– le temps qu’ils visent « in London » : sous-entendu, au marathon de Londres qui a lieu tous les ans en avril

– et enfin, la manière dont ils vont bien pouvoir s’y prendre pour lever des fonds : ben oui, à moins d’être un surhomme et de tourner à un temps qui vous qualifie d’office, il vous faudra convaincre vos familles, amis et collègues de sponsoriser une association caritative de votre choix. Et si vous échouez à trouver les quelques milliers de livres requis, vous en serez pour votre poche. Après tout, c’est le marathon de Londres, quand même, pas le 5 km celui de Trifouillis-les-Oies. Ca se mérite.

Bref, s’il y a de vrais fanatiques, on y trouve aussi des gens plutôt normaux, et qui daignent adresser la parole aux non-marathoniens comme moi. Ainsi, j’ai sympathisé avec une certaine Eleanor, célibataire à qui je donne la quarantaine. Eleanor est à la fois souriante et réservée, comme les Anglaises savent l’être – en tout cas, celles qui ne sortent pas dans la rue à moitié dénudées et complètement ivres.

Et grâce à Eleanor, mon projet d’intégration « avec de vrais Anglais » avance : ma nouvelle amie nous a invités, Prince et moi, à une petite balade à la campagne ce WE avec des amis à elle (pour rappel, les Anglais aiment la nature, même et surtout l’hiver). Oui, nous sommes début décembre, oui, il fait un froid de canard, mais après tout il n’y a même pas de neige, et puis on déjeunera dans un country pub très sympa !

Ce dernier argument suffit à convaincre Prince.

Samedi, 8h45 (argh), nous voici donc à la gare de Victoria. Prince est en jean et en baskets, je suis en long manteau beige, béret rose (puisque tout Français qui se respecte porte un béret, entretenons les clichés chers aux Anglais)  et munie d’un petit sac à main Longchamp – je voyage léger, moi, Madame, mais chic : après tout, je me dois d’être l’ambassadrice de l’élégance française en toute circonstance !

Ou tout du moins, c’est ce que je me dis jusqu’à ce que je voie arriver Catherine entourée de six amis tous équipés de pied en cap : chaussures de randonnée, pantalon à l’avenant, blouson en Gore-Tex et sac à dos 20 litres.

C’est ce qu’on appelle un malentendu.

Je ne me laisse pas abattre pour autant : je me laisse même porter, optimiste. Nous descendons à un arrêt – je n’ose pas appeler ça une gare – où il n’y a qu’un seul quai. Pas de panneau indiquant le nom du village – non, lieu-dit, puisqu’il n’y a pas une maison à la ronde. Mais les amis d’Eleanor ont l’air de savoir où aller. Une fois un passage un peu compliqué à travers champs (laissant le bas de mon manteau strié de boue maronnasse, mais bon, après tout les pressings, c’est fait pour ça), les paysages du Sud-Est de l’Angleterre s’avèrent si magnifiques que j’en oublierais presque le froid glacial – enfin, si je n’avais pas égaré ma lentille de contact dans un champ couvert à 30% de bouse de vache.

Il y a quand même un point sur lequel on s’était bien compris : le country pub. Les desserts, pardon, les puddings, sont fameux. Prince, en particulier, déguste un mystérieux gâteau dont jamais, ô grand jamais, il ne se rappellera le nom dans les années qui suivront. Nous oublierons aussi le nom du pub. Et j’arrêterai la course à pied en club (les membres étaient vraiment trop allumés), les randonnées improvisées dans la boue anglaise et la fréquentation d’Eleanor. Trois ans plus tard m’effleure encore parfois l’idée de lui envoyer un message Facebook ainsi rédigé : « Salut Eleanor, comment vas-tu ? Toujours au club de course à pied ? Au fait, tu te souviens de cette randonnée à la campagne dans le froid et la boue où je m’étais pointée en manteau long et sac à main Longchamp ? Eh bien, j’aimerais bien connaître le nom du pub où nous avions mangé. Merci, à plus ! ». Délicat. Seul restera donc gravé dans la mémoire de Prince le souvenir d’un succulent pudding, à jamais inaccessible.

Y a pas à dire, la campagne, y a que ça de vrai.

 

Comment définir l’amitié, ou la théorie des cercles

Lorsque j’ai suivi Prince à Londres, je me suis juré que je ne conjuguerais pas expatriation avec ermitation. Je m’explique : des amis, je n’en ai déjà pas beaucoup. J’ai donc intérêt à garder ceux que j’ai.  Je pourrais dire que j’ai toujours préféré la qualité à la quantité, ou plus simplement avouer que, contrairement aux apparences, je suis plutôt timide (j’en vois déjà qui ricanent, au fond) et particulièrement mal à l’aise en groupe.

Reprenons : je n’ai pas beaucoup d’amis. Même en additionnant le cercle 1, le cercle 2 et le cercle 3, je peine à franchir la vingtaine. « Les cercles, késaco ? » demandent les distraits du fond de la classe.

Ah… la théorie des cercles, un concept estampillé Eva in London. Petit cours, magnifique dessin Powerpoint à l’appui.

Où que vous vous situiez sur l’échelle de la sociabilité, la théorie des cercles fournit un langage commun. Explication :

– Le cercle 1 est composé de vos amis à-la-vie-à-la-mort : ceux qui vous ont vue inconsolable après que Faux Prince vous ait jetée comme une chaussette sale, pas coiffée le matin (vision d’épouvante s’il en est), pas coiffée le soir ET en pyjama rose, complètement paf en soirée à chercher un nouveau Prince (mais toujours pas coiffée)… bref. Ceux dont vous savez que vous pouvez les appeler à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, parce que… ben, vous l’avez fait, et ils vous adressent encore la parole.

– Le cercle 2 : ah, compliqué et subtil, le cercle 2 ! S’il est généralement facile de définir qui fait partie du cercle 1, le cercle 2  est plus complexe. Il se compose d’amis certes proches… mais sans doute pas assez pour leur demander tout et n’importe quoi. Dans le cercle 2, tout est affaire de circonstances : la vie pourra vous rapprocher (vous vous découvrez une passion commune pour l’origami, ou l’histoire du Moyen-Âge, peu importe) ou vous éloigner (vous vous découvrez une antipathie pas du tout commune pour son nouveau Prince).

– Le cercle 3 : les copains que vous voyez rarement, mais avec plaisir. Vous restez suffisamment proches pour pouvoir les appeler juste pour leur demander un service… mais vous omettrez de leur raconter votre dernière dispute avec Prince (qui est encore rentré tard).

– Le cercle 4 se résume en un mot : « connaissances ». Les gens qui situent qui vous êtes, s’arrêtent pour vous faire la bise dans la rue et, si vous avez de la chance, se souviennent de votre prénom (alors que vous avez déjà du mal à remettre leur visage). Colossal et capital pour les grands mondains, réduit à peau de chagrin dans mon cas.

Les cercles font donc office de mètre-étalon de l’amitié. Mais ils ont aussi le mérite de donner lieu à des débats enflammés. Votre copine d’enfance qui n’a pas répondu à vos huit derniers mails mérite-t-elle encore de faire partie du cercle 1 ? Ou doit-elle être reléguée en deuxième division, euh, pardon, au cercle 2 ? Votre collègue de travail (relation épineuse s’il en est) et camarade de gym (plus délicat encore, sueur et pantalon de jogging oblige) est-elle digne de passer du cercle 4 au cercle 3 ?

J’espère avoir été claire avec ce petit cours sur la théorie des cercles.

Ainsi, même en étant généreuse, les amis de mes trois cercles se comptent sur les doigts des mains et des pieds. Et je suis déterminée à ne pas les perdre juste parce que j’ai traversé la Manche.

Cela va s’avérer être un exercice de haute voltige…

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Et vous, à quoi ressemblent vos cercles ? Avez-vous une théorie concurrente à proposer ?

Et pour celles et ceux qui aiment les théories : celle-ci est une véritable perle en la matière (en VO, malheureusement).

Rien ne sert de courir, il faut partir à point (2)

Comme dirait l’autre (le monsieur très sérieux et très fluo du club de course à pied), nous n’avons pas les mêmes valeurs. 

Cette impression se confirme nettement lorsque, après un grave hochement de tête, la trentaine de Gentils Membres s’élance d’un même corps – et très, très vite –  en direction de Hyde Park.

Je me retiens de m’écrier piteusement « Eh, attendez-moi ! » et me rapproche tant bien que mal de deux coureuses qui ont l’air d’avoir à peu près mon âge :

– Salut, je m’appelle Eva in London.
– Salut Eva, moi c’est Amy, me répond Coureuse de Gauche.
– Et moi c’est Sarah, ajoute Coureuse de Droite.

Une vague tentative de lancer la conversation – après tout, ne perdons pas de vue que je suis là pour me faire des amis – s’avère vite irréaliste. J’avais oublié que :

1. Faire la conversation en anglais, c’est déjà pas évident
2. Faire la conversation en courant, non plus – surtout quand on est au bord de l’apoplexie au bout de trois minutes
3. Mais alors faire la conversation en courant ET en anglais, c’est carrément mission impossible.

De toute manière, au bout d’une vingtaine de minutes, Coureuse de Droite nous a distancées depuis belle lurette pour rejoindre ses amis, les vrais coureurs. Quant à moi, je me résous à mettre ma dignité de côté. Entre deux ahanements, je pose à Coureuse de Gauche la seule question qui vaille :

– C’est… bientôt… fini ?

Dis oui, dis oui, parce que quelle que soit la réponse, là, je m’arrête.

Coureuse de Gauche, surprise :

– Ah non, on en est à la moitié, pourquoi ?

Ben, parce que je vais mourir, espèce de truie britannique, me retiens-je de répondre.

Au lieu de ça, ayant déjà intégré que la politesse était une vertu cardinale ici, je me contente d’un simple :

– Je suis… un peu… fatiguée.

Coureuse de Gauche doit se sentir l’âme d’une coach ou d’une bonne Samaritaine, car elle ne se laisse pas démonter :

– Allez, courage ! L’essentiel, c’est de ne pas s’arrêter, même si tu ralentis. On y va ensemble. Let’s do this ! 

Fut dit, fut fait. Coureuse de Gauche, pardon, Amy, m’a ainsi traînée à grands coups de positive thinking jusqu’à notre retour à la salle de gym. Une petite douche, et hop, mes merveilleux futurs amis anglais se sont dirigés vers le pub. Moi, clopin-clopant, je suis tout juste parvenue à rentrer m’effondrer sur mon bon vieux canapé.

Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour se faire des amis.

Rien ne sert de courir, il faut partir à point (1)

J’ai beau avoir plein d’excellentes raisons de ne pas faire de sport, si je continue à passer mes soirées à compter les minutes jusqu’au retour de Prince, je ne vais pas rester saine d’esprit bien longtemps. L’heure est venue pour moi de me risquer hors de notre appartement.

Débordante de sex-appeal en jogging élimé et pull informe (collection printemps-été La Redoute 1999), j’arrive au lieu de rendez-vous déjà toute essoufflée par mes cinq minutes de jogging entre la maison et la salle de sport. Et pour cause : à force de tergiverser sur ma tenue, j’ai raté le début. Enfin, si c’est comme chez SuperConseil, ils auront commencé par le plus important : les consignes de sécurité incendie. Va savoir pourquoi les Anglais sont aussi obsédés par la question. Le grand incendie de Londres hanterait-il encore les esprits ?

Quoi qu’il en soit, entre le vacarme que font les joueurs de volley-ball dans le gymnase et les multiples conversations chuchotées autour de moi, il m’est tout bonnement impossible de comprendre les propos du responsable du club. Comme je suis quelqu’un de foncièrement optimiste, plutôt que de me désoler, je me concentre avec délectation sur sa tenue : ce n’est en effet pas tous les jours qu’on tombe sur des hommes de soixante ans portant fièrement micro-cycliste vert et T-shirt moulant rose fluo. Si, si, pour de vrai. Encore que je ne devrais pas trop faire la maligne : je suis sûre qu’il court trois fois plus vite que moi.

De toute manière, ma joie est de courte durée. Délaissant momentanément Monsieur Cycliste pour observer mes camarades de torture (pardon, de jogging), je réalise que je suis sans doute la seule à m’être pointée déguisée en épouvantail : autour de moi, que du fluo, du Nike dernier cri, du podomètre, de la chaussure à coussins d’air, et que sais-je encore. Comme dirait l’autre, nous n’avons pas les mêmes valeurs.

A suivre…

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Dix bonnes raisons de ne pas faire de sport, et une première tentative de se faire des amis à Londres

C’est marrant, mais il y a des sujets qui m’inspirent plus que d’autres. Tiens, le sport, par exemple. Tout comme je trouve très facilement plein de raisons de ne pas travailler, j’en vois toujours plein pour ne pas aller courir :

  1. Il fait froid.
  2. Il pleut.
  3. Il fait froid ET il pleut (on n’est pas à Londres pour rien).
  4. Avec mon non-équipement de sport, j’ai l’air d’un épouvantail.
  5. Ca me déprime quand les papys de 70 ans me dépassent à toute allure.
  6. Je me suis lavé les cheveux il y a trois jours, ça serait dommage de les re-salir.
  7. Si on ne perd du poids qu’au bout de 20 minutes d’ « activité », je suis pas près d’y arriver. Sauf si par activité, on entend « regarder la télé », « dormir » ou « jouer à Civilization ».
  8. D’ailleurs, c’est l’heure de la sieste, là, non ?
  9. Ou alors d’appeler Maman, je lui ai pas parlé depuis deux jours.
  10. Entre la pollution et les chocs pour les genoux, c’est même pas bon pour la santé.

Moi j’dis, vaut mieux rester chez soi. D’ailleurs, c’est exactement ce que je faisais (à savoir rien) jusqu’à ce qu’un ex me convainque de me mettre au jogging. Je lui avais pourtant opposé ma super-excuse-tellement-imparable-qu’elle-m’avait-valu-une-dispense-au-bac : « asthme à l’effort ».

Il ne lui a fallu qu’une semaine pour balayer mon alibi d’un revers de main et me mettre un petit programme Men’s Health sous le nez (sa lecture de prédilection ; ce n’est pas un ex pour rien) : « Remettez-vous au jogging et perdez vos poignées d’amour en deux mois ! »

J’ai compris l’allusion et me suis donc lancée dans le fameux programme, résignée. Tout d’abord, alterner trente secondes de jogging et une minute de marche. Trop facile ! Puis, une minute de jogging et trente secondes de marche – on dirait pas, comme ça, mais c’est vraiment dur. Puis deux minutes de jogging… puis cinq… jusqu’à, deux mois plus tard, atteindre ces fameuses trente minutes d’affilée.

C’en était bel et bien fini de mon asthme à l’effort. Je dois même avouer que ma conversion au sport m’a rendu bien des services, en particulier lorsque je préparais mes concours d’école de commerce. C’est sans doute grâce à mes tours de stade que je n’ai pris « que » quatre kilos en deux ans, et ce en dépit d’une consommation effrénée de chocolat.

Bien des années plus tard, me voici toujours aussi peu enthousiaste à l’idée de bouger mon corps, mais plus empâtée et surtout un peu esseulée. Maintenant que j’ai un logement fixe, un Prince, et un emploi, il est temps de me trouver DES AMIS. Et pas des Français, hein, ça je connais, y en a plein en France : des vrais autochtones, des AN-GLAIS.

Pour cela, j’ai décidé de tester le club de course à pied – concept inconnu en France où, pour courir, on se débrouille très bien tout seul. Je n’ai pas eu à chercher bien loin, puisqu’il se trouve que j’habite tout près du plus important club de Londres, le Serpentine Running Club, qui regroupe pas moins de 2336 personnes. Ca, ça s’appelle mettre toutes les chances de son côté : on peut espérer que sur ces 2336 gentils membres, il y en ait au moins un qui veuille bien être mon ami.

Le rendez-vous hebdomadaire ayant lieu à la salle de gym dans dix minutes, je farfouille frénétiquement au fond de mes tiroirs. Comme on pouvait s’y attendre, la pêche est maigre : un vieux pantalon de jogging beige informe, un soutien-gorge de sport qui a connu des jours meilleurs, et un T-shirt de coton qui promet de belles auréoles sous les aisselles. Je vous avais bien dit que j’étais à la pointe du non-équipement.

Je sens qu’avec cette touche d’élégance bien française, je vais faire un malheur.

Et vous, quelles sont vos raisons préférées de ne pas faire de sport ? Ou (soyons politiquement correcte, pour une fois), au contraire, d’en faire ?

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All by myself

Je pressentais que cela pourrait arriver, mais c’est néanmoins une mauvaise surprise : j’ai beau aimer Prince, je n’aime pas, mais alors pas du tout, vivre avec lui. 

Au risque de faire ma Bridget Jones (contaminée par l’atmosphère ambiante ?), et d’avoir perdu mes lecteurs masculins dès la première ligne, j’assume. Ce sentiment se fait plus net avec chaque paire de chaussures qui traîne dans le salon/cuisine, chaque ronflement qui me réveille en sursaut, chaque chanson lancée à plein volume dans un appartement de 32 mètres carrés – pure estimation bien sûr ; on a vu que les Anglais ne s’embarrassaient pas de ce genre de basse préoccupation matérielle.

Bref, Prince m’énerve. 

Pour couronner le tout, on dirait qu’il est tout le temps là. En tout cas, tout le temps là quand il ne faut pas : de 6h47, heure à laquelle son réveil retentit pendant dix minutes sans le réveiller (mais moi, oui), à 22h30, où il me pique toute la couverture et prétend que les trois quarts du lit lui reviennent – et puis, lui, il travaille, il faut donc lui assurer un sommeil de qualité. En passant par son retour du boulot où il lance son manteau en vrac sur notre unique meuble (un canapé où on tient à peine à deux en se serrant) et le dîner où il insiste pour regarder une obscure série qui ne fait rire que lui.

Et ne parlons pas des WE.

Prince m’énerve.

Le phénomène est d’autant plus étrange que, durant la journée, il me manque. Plus de 11 heures toute seule par jour, il y a de quoi perdre un peu la boule même quand on est à peu près équilibrée à la base (ce qui est loin d’être mon cas). Résultat : à peine Prince a-t-il franchi la porte que mon visage passe par les expressions suivantes :

–  Soulagement : je ne suis plus seule !
–  Curiosité : petit coup d’œil à la montre – à quelle heure rentre-t-il cette fois-ci ?
–  Concentration : je calcule que j’ai été seule pendant… 11 heures et 43 minutes exactement. Soit 11 heures et 43 minutes de trop.
– Agressivité : là, tous les prétextes sont bons. Il rentre trop tard, il a oublié le lait pour demain matin, il a encore balancé son manteau sur le canapé, il rentre trop tard…
– Culpabilité : un peu tard sans doute, je réalise qu’après une journée de 11 heures et 43 minutes dans un nouveau boulot, Prince n’a sans doute pas envie d’être accueilli en ennemi mortel. Surtout quand l’accueil en question est assuré par un être de sexe non identifié, non coiffé, non maquillé, et ayant pour tous habits un bas de pyjama rouge, un haut de pyjama rose superposé à un pull vert, et un foulard noir.

En somme, heureusement que je commence à bosser lundi.