J’ai tout essayé : m’emmitoufler dans la couette (trop chaud). La rejeter à mes pieds (trop froid). Lire un bouquin intéressant (trop intéressant). Lire un bouquin ennuyeux (trop ennuyeux).
C’est décidé : je n’arrive pas à dormir. D’ordinaire, cela n’a aucune importance : il me suffit d’être suffisamment en forme pour passer la journée à me demander comment m’occuper, et de mobiliser toute mon énergie pour accueillir Prince au foyer comme il se doit.
Mais à minuit et demi, l’heure est grave : demain, il s’agit de briller de mille feux (ou plus simplement faire illusion huit heures d’affilée) pour ma première journée de boulot de sous-grouillotte chez SuperConseil. Et pour ça, j’ai besoin de neuf heures de sommeil. Au grand minimum. Vraiment. Je vous vois ricaner d’ici : « Neuf heures ?! Elle n’a vraiment rien de mieux à faire que de dormir et raconter sa vie, cette Eva in London. Je tiens très bien avec sept, moi ! »
Si tel est votre cas… grand bien vous fasse. Moi, si je dors moins de neuf heures, j’ai du mal à garder les yeux ouverts toute la journée, surtout après le déjeuner (j’ai alors recours à ma dose quotidienne de chocolat). En dessous de huit, Prince hésite à m’adresser la parole. A moins de sept, j’ai tendance à devenir violente, et en dessous de six… je préfère ne pas en parler sous peine d’écorner prématurément une réputation déjà mise à mal par d’autres révélations.
Minuit et demi, donc. Un rapide calcul mental me confirme que je m’approche dangereusement de la barre fatidique des sept heures de sommeil. En même temps, je ne me suis pas ennuyée durant les deux heures qui viennent de s’écouler. Mon cerveau semble en effet avoir subitement décidé que 22h30, la veille de mon premier jour de boulot, était le moment idéal pour se lancer dans une série d’interrogations existentielles :
– Et si je ne m’entends pas avec mes collègues ? (il y a quinze ans, c’était « et si les autres enfants y sont méchants avec moi ? » ; on ne change pas une Eva in London qui rumine)
– Et s’ils se rendent compte tout de suite que je porte le même tailleur que lors des entretiens et qu’ils me renvoient à la maison tant que je n’ai pas investi dans une tenue présentable ?
– Et si mon collant file avant même d’arriver ?
– Et si j’arrive en retard ?
– Et si ma jupe se coince dans mon collant en sortant des toilettes ? (ne riez pas, ça m’est déjà arrivé)
– Et si ma jupe se coince dans mon collant filé et que je montre ma culotte à tous mes nouveaux collègues qui seront justement en train de dire que quand on n’est pas fichue de s’habiller correctement pour un premier jour de boulot, au moins on arrive à l’heure ?
N’ayant trouvé de réponse satisfaisante qu’à une seule de ces questions (pour ne pas arriver en retard, rien de plus simple : il suffit de ne pas s’endormir), me voilà dans un état de panique avancé. Il est maintenant plus d’une heure du matin. A ce stade, il ne me reste qu’une seule solution :
– Tu dors ? murmuré-je en me penchant vers Prince.
– Oui.
– J’arrive pas à dormir.
– Hum, grogne-t-il, prudent. « Hum » présente en effet moins de risques qu’un plus spontané « Trop dur pour toi ».
– Tu peux me prendre dans tes bras pour que je m’endorme ?
– Hum, marmonne-t-il en étendant lentement un bras dans ma direction.
Je choisis de prendre ça pour un oui. C’est quand même pas si mal, de vivre avec un Prince.
Merci Camille pour ce super dessin !
Alors? Aloooors?? Ton collant a tenu le coup? 😉
Suspense, supsense 😉
Bravo à Camille pour l’illustration. Je te comprends, j’ai passé une grande partie de ma vie à ne dormir que 5 ou 6 heures et maintenant (l’âge aidant !) je rattrape les heures qui m’ont bien manquées alors 9 heures de sommeil c’est pas un luxe ! Merci pour tes chroniques, elles sont amusantes, bien écrites et vraiment très distrayantes. Continues comme ça.
On a tous vécu ça!!!avec moins d’humour 🙂
Super les illustrations!!!!!!!!super classe même!!!
Bises
J’attends le post qui raconte cette première journée avec impatience… 😀
Tu m’etonnes ! Avec tout ce suspense, depuis le temps, j’ai interet a assurer 🙂
Y a plus qu’a l’ecrire maintenant…
et oui, le sommeil, ce n’est pas un sujet mineur.
En ce moment, je cherche un moyen pour que mon petit dormeur de mari puisse continuer à lire jusqu’à 2 h du mat’, sans que je sois ennuyé par la lumière. Sachant que monsieur n’aime pas les lampes led. pfff
Parfois, ça fini en bataille de polochon.
Alors toujours en vie après cette première journée?
C’est gentil de demander ! J’y ai survécu… je n’ai plus qu’a me plonger dans mes souvenirs pour l’écrire maintenant. Après tout, ca commence à dater (si ma réponse t’étonne, cf l’onglet « Back to the future » sur la page d’accueil).
Tu te lances dans le Chinois maintenant? Ca pourrait servir pour un prochain entretien!
Mes condoléances pour la nuit ratée. Je te comprends bien, cela fait 5 ans que je n’ai pratiquement pas eu de nuit complète:
– les enfants qui se réveillent ou bien 17 fois par nuit ou bien à 6h12
– les voyages avec un jetlag de la mort ou bien des vols qui décollent à 3h13 du mat (Coralie, si tu lis ça – j’ai partagé de merveilleux moments d’intimité avec ton mari effondrés sur les canapés dans les salles d’attente des aéroports… :))
Bonne chance pour les prochaines nuits.
Je compatis, je compatis, je ne récupère pas du jet lag et les journées sont duuuuuuuuuuuuuuures! A 19 heures j’ai envie d’assassiner tout le monde.
Alors ça y est, ce poste de rêve de super grouillotte, il devient réalité! Je parie qu’ils se sont dit que malgrés ses gros cernes elle était drôlement mimi et sympala petite nouvelle! Comme tout le monde j’attend la suite!
Et bravo pour l’illustration, trop mignonne!
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